NOW...FUTURE !

Publié le par legrenierdeyanik

 

 

 

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Une seule lettre suffit à détourner le célèbre hymne du mouvement punk pour donner naissance à un slogan résolument optimiste, étendard d’une exposition actuellement visible à Anglet jusqu’au 28 août 2012.

 

Loin du style musical évoqué en amont, l’univers présenté se rapproche plutôt de la culture hip-hop, mouvement qui se traduit en musique, danse, et art pictural dont l’expression première est le graffiti et la peinture de rue. Sous toutes les latitudes et à toutes les époques, l’homme investit les murs comme moyens d’expressions et les artistes présentés lors de cet événement ont tous la particularité d’avoir fait leurs premières armes dans la rue durant les années 1980-90. Trente ans plus tard, le pas de la rue aux galeries a été franchi, et nombreux sont les grapheurs oeuvrant désormais sur des supports plus conventionnels.       

 

Six créateurs sont à découvrir sur les deux sites dans lesquels les œuvres sont déployées. Six évolutions distinctes à partir d’un point de départ commun : la rue.

 

Les salles de la Villa Beatrix Enea présente trois sensibilités totalement différentes, fruit de l’imagination de Ondeone, Gilbert et Jaimito.

Le premier est aussi le plus jeune de la bande, ce n’est qu’à partir des années 1990 qu’il pulvérise ses premières bombes sur des parois et des wagons. Adepte de la ligne, il est aujourd’hui un graphiste accompli qui nous propose ici un travail en noir et blanc d’une élégante sobriété. Il utilise la toile, réalise des sculptures, mais son travail le plus original est constitué par des séries de scènes et personnages composés par des découpages. Le collage et l’encadrement de ces petites œuvres produisent des jeux d’effets (volume, relief) particulièrement réussis.

 

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Du noir et blanc à la couleur, du graphisme épuré à la bande dessinée, il n’y que quelques pas pour accéder à l’espace consacré à Gilbert. Dés le premier coup d’œil, le visiteur identifie les influences de l’artiste, tant les références au Pop Art et à la Figuration Libre sont multiples. Les techniques sont diverses et le cynisme espiègle de l’auteur se retrouve sur ses différents supports : collage d’affiches graphico-critique, peintures à l’univers « cartoonesque », ou encore œuvres bigarrées truffées de détails et d’onomatopées.

 

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La palme du plus énigmatique revient sans aucun doute à Jaimito. Dans une salle obscure est projetée une vidéo sur une bande son trip hop. Le court métrage revient sur le processus créatif en projetant de manière accélérée l’élaboration d’une œuvre par toutes ses phases: découpage, collage, dessin, peinture...Un film éclairant sur la complexité du travail réalisé par l’artiste et dont le résultat peut s’admirer sur deux toiles qui sont autant de brûlots sur notre monde moderne.

 

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A deux cent mètres de là, se situe la galerie Georges-Pompidou, où un second trio d’artistes issus de la même mouvance est à découvrir.

Juan est celui qui est resté le plus fidèle à ses origines. Ses peintures comportent les codes du graffiti tel que l’on peut le voir dans l’espace public. Sa recherche autour de la lettre et du script est très approfondie et se traduit merveilleusement par une série intitulée « futuro, presente, pasado ». A l’aide de pochoirs et de gabarits, Juan joue de l’aérosol et de l’acrylique pour réaliser neuf cadres aux couleurs chatoyantes, tous composés par les lettres de son prénom. A partir des mêmes ingrédients, chaque œuvre s’avère unique en fonction des dispositions et teintes utilisées.   

 

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Vient ensuite un autre artiste imbibé par le Pop Art dont deux œuvres sont accrochées sur les murs de la galerie. La première réalisation de Fenx est un triptyque dont le personnage principal est couché sous les traits caractéristiques des toiles de Roy Liechtenstein. Sur la seconde plane l’ombre d’Andy Warhol, tant sur le thème et les sujets que sur la technique. Cette œuvre associe quatre toiles qui proposent des icônes de la société de consommation, dont le portrait est sérigraphié sur un fond de peinture aux couleurs du drapeau américain. La lecture de gauche à droite voit se désagréger les couleurs de la bannière étoilée au fur et à mesure que la tête se tourne vers la dernière toile. Intitulé « le déclin de l’empire américain » (bien que la métaphore puisse s’appliquer à l’ensemble du monde occidental),  nul doute que le fondateur de la Factory n’aurait pas renié le lien de parenté avec le travail de ce petit frenchy.

 

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Le dernier compère, Colorz,  avance dans le sillon de l’abstraction. Les lettres du graffiti sont toujours présentes mais s’estompent et se dissimulent sous des fusions de couleurs et de jeux de lumière. Il s’agit certainement de l’artiste dont le stade d’évolution parait le plus éloigné de l’univers d’origine. Un accomplissement fascinant dans des compositions où l’on retrouve l’empreinte de Pollock assortie à un soupçon de Riopelle.

 

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Remarquable dans sa programmation culturelle, la ville d’Anglet surprend une fois de plus avec cette exposition audacieuse qui livre une avancée accélérée dans le temps. En produisant des œuvres spécialement conçues pour l’événement, le parcours permet d’apprécier la mutation d’artistes issus de la rue, véritable creuset culturel de nos sociétés contemporaines.    

  

Publié dans Arts

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