L'élection présidentielle française vue d'ailleurs

Publié le par legrenierdeyanik

Largement suivi par la presse internationale, le résultat de l’élection présidentielle est largement commenté sur tous les continents.  Si certains journaux étrangers s’enthousiasment de la vague rose, d’autres constatent qu’il s’agit plus d’une défaite du président sortant et d’un rejet de la politique d’austérité qui ont été exprimés. Symbole d’un certain changement au sein de l’Union Européenne, cette alternance n’est pas sans susciter de nombreuses interrogations.

 

Rejet de la politique de Sarkozy et refus de l’austérité

 

Les quotidiens argentins Clarin et Pagina 12, relève une victoire du socialisme mettant fin au cycle conservateur de Sarkozy, le second reprenant en titre « La vida color rosa », célèbre chanson jouée hier soir par les musiciens corréziens sur la scène de Tulle. Sabah, en Turquie, va plus loin et évoque une « révolution rose par les urnes ». Dans la même veine, L’Unita en Italie fait référence à mai 68 en titrant « Maggio francese »

 

Cependant nombreux sont ceux qui interprètent le vote comme une sanction envers le président sortant. Ainsi le journal allemand Die Tageszeintung souligne que la victoire de François Hollande est surtout la défaite de Nicolas Sarkozy. A ce sujet, le sud américain Pagina 12 écrit : « le modèle le plus raffiné du antihéros a vaincu la version la plus xénophobe et outrageante du libéralisme européen ».

Mais les plus virulents envers l’ex champion de l’UMP sont incontestablement les médias du continent noir. Ici le discours de Dakar en 2007 a marqué les esprits. Baptisée « l’insulte de Dakar » par La Tribune (Sénégal),  ce discours « avait offusqué nombre d’africains qui n’ont pas hésité à le considérer comme une forme de mépris » selon le journal Liberté auTogo. Le titre le plus explicite revient au journal électronique tunisien Kapitalis qui titre « Sarkozy enfin dégagé par les français quinze mois après son ami Ben Ali ». Quant à Enquête (Sénégal), il s’interroge sur l’avenir du président sortant qui « risque de devoir affronter une vie post présidentielle pourrie par les affaires ». 

 

Selon les observateurs étrangers, le vote des électeurs français trouve aussi sa motivation dans le refus de l’austérité. Ainsi à Singapour, le quotidien Today établit un parallèle entre les scrutins grecs et français qui ont pour point commun le rejet de la politique d’austérité. Selon De Volkstrand (Pays-Bas), les résultats de ces deux élections sont un véritable « coup de massue pour l’Europe ».

Le choix français est vivement critiqué par quelques médias britanniques parmi lesquels le Daily Mail qui qualifie Hollande de « président socialiste dépensier » ainsi que The Economist qui le considère « comme un homme dangereux dont la politique va mettre un frein à la rigueur instaurée par Berlin ».   

 

Un changement qui suscite de nombreuses interrogations

 

Si selon le Corriere della Sera en Italie, la victoire du corrézien « ouvre le défi en Europe », le quotidien espagnol ABC titre « Victoire de Hollande, incertitude en Europe ».  D’autres  perçoivent l’événement comme le début d’un changement, ainsi El Pais qui envisage « Une nouvelle étape en Europe », terme repris par El Periodico de Catalunya pour qui cette élection inaugure « une nouvelle étape en Europe en remettant en question la politique d’austérité préconisée par Merkel ».

Au premier rang des interrogations se trouve le couple franco-allemand dont Die Welt (Allemagne) craint que la rupture laisse « les allemands seuls avec le pacte budgétaire ». Après le célèbre couple Merkozy, Die Tageszeitung (Allemagne) ironise ainsi : « Angela Merkel ne doit pas s’attendre à autant de bises du socialiste que de Sarkozy ».  Sur ce point El Mundo (Espagne) prévoit une « cohabitation compliquée » alors que le Suddeutsche Zeitung (Allemagne) estime que le français « se montrera raisonnable et que le nouveau couple saura mieux faire accepter ses exigences aux peuples ». 

 

Fataliste, 24 Heures en Suisse estime que le vainqueur « a obtenu le droit de décevoir » car dans un monde globalisé et avec les contraintes européennes, les marges de manœuvres des états sont de plus en plus étroites. Dans le même sens, le quotidien chinois Global Times estime que « l’élection ne va probablement pas apporter de changement en mesure d’insuffler la forte volonté nécessaire pour instaurer une réforme de la dette publique en France ». Dans le même pays, le China Daily, en revanche, pense que ce vote aura des « conséquences sur la crise de la dette, la présence française en Afghanistan et la façon dont la France fait jouer ses muscles diplomatiques à travers le monde ».

Des changements sur la politique extérieure sont également envisagés en Afrique. Au Sénégal, Le Soleil présage une autre relation France/Afrique, et Ndjamena Matin au Tchad souhaite que cette élection « signe la fin de la Françafrique et la naissance de relations saines et équilibrées » entre l’ex puissance et ses anciennes colonies.        

       

Pour résumer le caractère compliqué de la tâche qui attend le futur président, le New York Times évoque la difficulté de trouver un « équilibre entre la réduction de la dette et la nécessité de répondre à la colère populaire ». D'autant lus qu'avec ce choix, la France sera encore plus observée, comme le souligne Le Devoir (Canada) : « les premières décisions de Francois Hollande seront scrutées à la loupe par les marchés ». 

    

Publié dans D'içi et d'ailleurs

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article